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some words :

"Le poète est un archer qui tire dans le noir." - Salah Stétié -
"Soyez un écrivain mineur, cela vous rajeunira." 
Dominique Noguez

"Cette femme était si belle
Qu'elle me faisait peur."
 Guillaume Apollinaire

"In a place far away from anyone or anywhere, I drifted off for a moment." -- Haruki Murakami --


"Être poète n'est pas une ambition que j'ai. C'est ma façon à moi d'être seul."   -- Fernando Pessoa --

"Ca va tellement mal aujourd'hui que je vais écrire un poème. Je m'en fiche ; n'importe quel poème, ce poème." -- Richard Brautigan --

"J'écris à cause du feu dans ma tête et de la mort qu'il faut nier."
Jacques Bertin

"O mon passé d'enfance,
pantin qu'on m'a cassé."
Fernando Pessoa


« La mort c’est l’infini des plaines
et la vie la fuite des collines. »
Joseph Brodsky

Certaines choses

Nous entourent « et les voir

Equivaut à se connaître »

George Oppen



" LA GRANDE FORCE EST LE DESIR "
(Guillaume Apollinaire)



"Quand je dis « je », je désigne par là une chose absolument unique,
à ne pas confondre avec une autre."
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"Le sens trop précis
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ta vague littérature"
Stéphane Mallarmé


" Je ne suis pas moi ni un autre

Je suis quelque chose d’intermédiaire :
Un pilier du pont d’ennui
qui s’étend de moi vers l’autre. "
Mario de Sa-Carneiro
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-- je vous souhaite un bon passage... --


"Mais rien de cette nature n'est définitivement acquis. Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu'on porte en soi, devant cette espèce d'insuffisance centrale de l'âme qu'il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui, paradoxalement est peut-être notre moteur le plus sûr."  Nicolas Bouvier

« La poésie vient vers nous, on ne sait d’où, et elle nous quitte, allant vers on ne sait quel au-delà. Mais en passant, elle nous laisse des mots et elle nous fait des signes dont l’interprétation est inépuisable. » Gabriel Bounoure

" Avec tes défauts. Pas de hâte. Ne va pas à la légère les corriger. Qu'irais tu mettre à la place ? " Henri Michaux


écrivez moi si vous le souhaitez :    

Soyez indulgent, je ne suis qu'un petit écrivaillon tentant d'écrivasser

Mai 2008 : "L'apéritif de la neige"
est "paru"

Si vous êtes intéressé : laissez moi un message
(133 pages de poèmes et textes poétiques, pour la plupart ici sur mon blog)

"Le meilleur choix de poèmes est celui que l'on fait pour soi." Paul Eluard

"Savoir que nous ignorons tant de choses suffit à mon bonheur." George Oppen

______________________________________________

 

27 novembre 2013 3 27 /11 /novembre /2013 08:53

Scintillation

 

   Difficile de dire à la fermeture de « Scintillation » ce que l’on ressent. Enigmatique, sans nul doute.

   Bien sûr, on vient de lire un livre d’exception, écrit dans une langue forte, celle d’un poète qui vers 30 ans décida d’arrêter de se détruire et d’écrire de la poésie ; 10 ans plus tard après une dizaine de recueils, il se tournera vers le roman. « Scintillation » est le 6ième roman du poète John Burnside.

   Dans une presqu’île polluée à outrance par une ancienne usine chimique abandonnée et par une industrialisation forcenée, dans « Intraville », la vie et la mort semblent se ressembler (un monde dévasté aussi qui pourrait ressembler aux images de Stalker de Tarkovski) ; sous le court prétexte de disparitions d’enfants, l’auteur fait une critique très sévère du capitalisme, du profit, de l’apathie du peuple, du laisser-faire, de la misère du monde moderne ; mais d’un point de vue totalement poétique. Ce qui donne un objet inhabituel, un livre carrément à part.

   Plusieurs personnages dérivent dans le livre, on s’intéresse particulièrement à Léonard, jeune adolescent qui aime les livres ; quand on connaît l’enfance extrêmement difficile de John Burnside, on comprend clairement la parenté (encore que le bibliothécaire dont le prénom est John s’amuse de l’enthousiasme de son jeune lecteur) ; d’autant plus qu’enfant l’auteur s’est lui-même réfugié dans les livres afin de ne pas mourir. Les livres, c’était la liberté. La liberté était dehors, à la maison c’était l’enfer.

   Mais ce fut limite (lire les excellents articles dans le matricule des anges), si le père de Burnside était violent et alcoolique, son fils lui aura cherché à décoller d’une Ecosse triste par les drogues et diverses révoltes, en particulier contre les dérèglements environnementaux ;  ce n’est que très tardivement que ce dernier se mettra à écrire des romans et son premier roman « La maison muette » (1997) est déjà très construit et très personnel.

   Ce qui sous-tend les œuvres de cet auteur, c’est son profond désarroi sur la nature humaine et sur les politiciens et la politique, les notions de révolution, l’importance de l’adolescence : là où on peut « changer ». Un pessimisme à toute épreuve.

   Dans la version française, il y a un petit prologue qu’on comprend mieux à la fin du roman ; l’auteur a enlevé ce prologue dans l’édition américaine afin de laisser davantage d’ambiguïté.

   Ce livre demanderait plusieurs lectures, tant le premier goût reste amer en bouche ; on a l’impression d’être passé proche d’un chef d’œuvre, donc vérifions-le. 

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Lire les excellents articles sur cet écrivain dans le N° d'octobre 2011 du "Matricule des anges". 

Burnside-Matricule des anges

 


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12 novembre 2013 2 12 /11 /novembre /2013 19:17

"Tu cherchais ton meilleur ennemi et tu t'es trouvé."

Friedrich Nietzsche

Friedrich-Nietzsche
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10 novembre 2013 7 10 /11 /novembre /2013 17:46

J’imaginais toujours le même poème, celui d’elle et de ses pertes d’ailes, en

rond, en flaque où je m’affaissais en moi-même, et toujours le même dilemme,

me sortir d’elle et de moi-même, et en finale la perte d’elle ou l’enfouissement

de moi, mais je ne crois pas à la séparation comme alternative du vivre, difficile

à saisir ce qui fait elle et en moi ce qui me défait d’elle, c’est une ornière

perpétuelle comme cette reine clippée qui tombe au bas de la ruche et ne vole

plus, je suis cet essaim au sol, perdu, ce sont songes ou mensonges et vain de

chercher la piste d’envol, rogner les ailes contre les portes d’elle...

 

66998 504642029627882 1811661514 n

Collage Herbot ©

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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 11:43

Oh ! si bas nuages gris poissant

champs dorés isolés comme des clones

et moi juste pareil sous le noir qui perle étincelle

Ou alors c’est le ciel serein et le labour

en mottes grasses libérant la mort

 

L’hésitation du vrai entre

la calme oralité des gestes humains

et l’altérité de mon âme charnière

et l’ocre des champs de mort

 

La vie est grand écart entre l’eau et le feu

entre moi et les autres

entre ma naissance et ma fin

entre timides joies et peines vastes

entre gravité et frivolité

entre mourir d’amour et mourir tout court

entre dévêtir ta peau et la garnir

 

je suis à la fois gracile et lourd

difficile de trouver sa voie

quand la voix tremble incertaine

 

Plaies et bosses

Dans ce monde vivant

Qu’il faut sans cesse ressasser

Pas à pas peu à peu petit à petit

 

Alfredas-Jurevicius

oeuvre d'Alfredas Jurevicius

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27 octobre 2013 7 27 /10 /octobre /2013 10:29

E crevisse

 

les petits cours d’eaux ruisselets

noyés d’écrevisses poètes

et comme Piccoli j’offre

mes doigts aux pêches des miracles

 

milou-en-mai

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22 octobre 2013 2 22 /10 /octobre /2013 11:04

...encore un grand Prévert avec cette fois-ci une morale à la La Fontaine...

 

Pablo-Picasso

 

Un village écoute désolé
Le chant d'un oiseau blessé
C'est le seul oiseau du village
Et c'est le seul chat du village 
Qui l'a à moitié dévoré 
Et l'oiseau cesse de chanter 
Le chat cesse de ronronner
Et de se lécher le museau 
Et le village fait à l'oiseau 
De merveilleuses funérailles 
Et le chat qui est invité 
Marche derrière le petit cercueil de paille 
Où l'oiseau mort est allongé 
Porté par une petite fille 
Qui n'arrête pas de pleurer 
Si j'avais su que cela te fasse tant de peine
Lui dit le chat
Je l'aurais mangé tout entier
Et puis je t'aurais raconté 
Que je l'avais vu s'envoler
S'envoler juqu'au bout du monde 
Là-bas où c'est tellement loin 
Que jamais on en revient 
Tu aurais eu moins de chagrin 
Simplement de la tristesse et des regrets
Il ne faut jamais faire les choses à moitié.

 

Jacques Prévert / Histoires / 1948

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19 octobre 2013 6 19 /10 /octobre /2013 19:54

Edwards-étrangèreté

 

Je viens d’écouter deux fois l’excellent CD
« L’étrangèreté » de Michael Edwards
CD / à voix haute / Gallimard Collège de France, 2010


J’ai eu la chance d’écouter ce poète et traducteur anglais, qui est maintenant professeur au collège de France, lors de la conférence d’Aix sur la traduction en poésie avec Yves Bonnefoy.

Tout démarre pour le poète par une balade le long du Canal St Martin, il fait très froid, un matin d’hiver et le soleil est très brillant, anormalement, et le poète a alors une sensation de symétrie, de « mise en scène » du monde qui le fait réfléchir…Toute la suite de cette étrangèreté  va faire naître cette conférence sur l’étrange. Un réel un peu différend. Peut-être après tout, seul, le poète peut se rendre compte de cette étrangèreté.

Ici le poète veut parler de l’étrange, de l’étranger et de ce qu’il nomme l’étrangèreté, pour lui l’étrangèreté est une aubaine. Les langues étrangères par exemple sont une part de cette aubaine… C’est réjouissant.

Etrangèreté :
- des lieux
- de la foule
- du moi
- de la langue
- de la poésie
- de l’imaginaire au réel
- importance de l’étranger

Ce sont des mots de poète…
Lorsqu’il parle de l’étrangeté de certains lieux à certains moments, je le comprends car assez régulièrement (mais pas assez à mon goût) je ressens les mêmes effets surprenants ou inquiétants, j’avais tenté de mettre cela noir sur blanc avec cette courte nouvelle : studios. J’eus alors les mêmes impressions d’étrangèreté.

C’est ainsi que le familier peut devenir étrange, et très souvent c’est le très ordinaire (le très quotidien) qui deviendra étrange, c’est le regard du poète et sa force imaginative qui révèlera cet étrange. C’est une inquiétude jubilatoire.

« Etre un étranger dans une langue étrangère est une aubaine. Au Moyen Age, si un étranger mourait sur le territoire d’un seigneur français, tous ses biens revenaient au seigneur comme une « aubaine » - d’où notre expression actuelle – parce que le mot « aubain » signifiait à l’époque « l’étranger ». »    M. Edwards

« Une langue étrangère est un grand poème qui transforme l’univers. » M. Edwards

But de la poésie = rendre d’abord étrange le langage et rendre étrange le réel (le monde).
Un poème : on ajoute tout un monde.



Le poète est le maître
La poésie existe pour « étranger » le monde.
L’imagination est nécessaire pour comprendre le monde, elle transforme ce que nous voyons, c’est nécessaire, ce n’est pas angoissant… L’imagination et non la raison… L’imagination transitive…

L’étranger est une idée salutaire ! C’est l’autre dont nous avons besoin.
« Restons étrangers pour mieux nous comprendre. » M. Edwards
« Mon dissemblable, mon frère. » (Baudelaire)

Le moi est aussi étrange… Chercher l’étranger en soi, l’autre …
Cela est visible souvent dans les œuvres littéraires, « Je est un autre » réellement (intuition extraordinaire du jeune Rimbaud !)
C’est moi et pas moi en même temps : un éloignement ?
Il faut découvrir l’étranger que l’on doit devenir, en s’imprégnant de l’étrangeté du monde. Devenir ce que l’on observe… (pas de mysticisme là dedans…), le moi disparaît, mais ne devient pas un vide, il s’enrichit au contact des choses du monde…

Il faut apprendre à se dire « tu ». Telle sera la conclusion de ce très intéressant CD.

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18 octobre 2013 5 18 /10 /octobre /2013 20:27

"Quand je n'ai rien qui m'inquiète, cela même m'inquiète."

Arthur Schopenhauer

 

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17 octobre 2013 4 17 /10 /octobre /2013 07:44


    Henri Michaux aura passé sa vie à attendre sa mort, très jeune, on lui découvrit une malformation cardiaque congénitale ; il attendait donc que la machine s'arrêtat. Il souffrait aussi "d'avoir à mourir". On le comprend.

    Il mourut certes du coeur, mais à 85 ans. Il vit partir avant lui ses parents quasi en même temps, puis son frère, et tant d'autres : le suicide de Paul Celan, son disciple, ou encore la mort de ses amis Paulhan et Fourcade. Mais la mort dont il parle là, c'est celle tragique et monstrueuse de sa femme Marie Louise. En 1948, elle se brûle très gravement à leur domicile. Elle meurt dans d'horribles souffrances. L'agonie dure un mois. "Je ne trouve plus devant moi que le vide", dira Michaux. Il écrit aussi : " Elle se retrouve dans un lit dont la souffrance monte jusqu'au ciel, jusqu'au ciel, sans rencontrer de dieu...dont la souffrance descend jusqu'au fond de l'enfer, jusqu'au fond de l'enfer sans rencontrer de démon."


il pensait depuis longtemps être lui-même "troué" :

"Je suis né troué

il souffle un vent terrible

Ce n'est qu'un petit trou dans ma poitrine

mais il y souffle un vent terrible

Ah ! Comme on est mal dans ma peau .../..."

 

     Quelques mois plus tard, Michaux écrira ce texte magnifique. Un des très très rares textes "autobiographiques" de cet auteur ! Suite à ce mois cauchemardesque, Michaux se replonge dans la peinture et inventera en lettres, en dessins et en lithographies, les Meidosems, dernières créatures michaldiennes.

 

 

henri-michaux

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Nous deux encore

 

Air du feu, tu n’as pas su jouer.
Tu as jeté sur ma maison une toile noire. Qu’est-ce que cet opaque partout ? C’est l’opaque qui a bouché mon ciel. Qu’est-ce que ce silence partout ? C’est le silence qui a fait taire mon chant.

L’espoir, il m’eût suffi d’un ruisselet. Mais tu as tout pris. Le son qui vibre m’a été retiré.

Tu n’as pas su jouer. Tu as attrapé les cordes. Mais tu n’as pas su jouer. Tu as tout bousillé tout de suite. Tu as cassé le violon. Tu as jeté une flamme sur la peau de soie.
Pour faire un affreux marais de sang.

Son bonheur riait dans son âme. Mais c’était tout tromperie. Ca n’a pas fait long rire.

Elle était dans un train roulant vers la mer. Elle était dans une fusée filant sur le roc. Elle s’élançait quoiqu’immobile vers le serpent de feu qui allait la consumer. Et fut là tout à coup, saisissant la confiante, tandis qu’elle peignait sa chevelure, contemplant sa félicité dans la glace.
Et lorsqu’elle vit monter cette flamme sur elle, oh…
Dans l’instant la coupe lui a été arrachée. Ses mains n’ont plus rien tenu. Elle a vu qu’on la serrait dans un coin. Elle s’est arrêtée là-dessus comme sur un énorme sujet de méditation à résoudre avant tout. Deux secondes plus tard, deux secondes trop tard, elle fuyait vers la fenêtre, appelant au secours.
Toute la flamme alors l’a entourée.

Elle se retrouve dans un lit, dont la souffrance monte jusqu’au ciel, jusqu’au ciel, sans rencontrer de dieu… dont la souffrance descend jusqu’au fond de l’enfer, jusqu’au fond de l’enfer sans rencontrer de démon.
L’hôpital dort. La brûlure éveille. Son corps, comme un parc abandonné..

Défenestrée d’elle-même, elle cherche comment rentrer. Le vide où elle godille ne répond pas à ses mouvements.
Lentement, dans la grange, son blé brûle.
Aveugle, à travers le long barrage de souffrance, un mois durant, elle remonte le fleuve de vie, nage atroce.
Patiente, dans l’innommable boursouflé elle retrace ses formes élégantes, elle tisse à nouveau la chemise de sa peau fine. La guérison est là. Demain tombe le dernier pansement. Demain…
Air du sang, tu n’as pas su jouer. Toi non plus, tu n’as pas su. Tu as jeté subitement, stupidement, ton sot petit caillot obstructeur en travers d’une nouvelle aurore.
Dans l’instant elle n’a plus trouvé de place. Il a bien fallu se tourner vers la Mort.
A peine si elle a aperçu la route. Une seconde ouvrit l’abîme. La suivante l’y précipitait.
On est resté hébété de ce côté-ci. On n’a pas eu le temps de dire au revoir. On n’a pas eu le temps d’une promesse.
Elle avait disparu du film de cette terre.
Lou
Lou
Lou, dans le rétroviseur d’un bref instant
Lou, ne me vois-tu pas ?
Lou, le destin d’être ensemble à jamais
dans quoi tu avais tellement foi
Eh bien ?
Tu ne vas pas être comme les autres qui jamais plus ne font signe, englouties dans le silence.
Non, il ne doit pas te suffire à toi d’une mort pour t’enlever ton amour.
Dans la pompe horrible
qui t’espace jusqu’à je ne sais quelle millième dilution
tu cherches encore, tu nous cherches place
Mais j’ai peur
On n’a pas pris assez de précautions
On aurait dû être plus renseigné,
Quelqu’un m’écrit que c’est toi, martyre, qui va veiller sur moi à présent.
Oh ! J’en doute.
Quand je touche ton fluide si délicat
demeuré dans ta chambre et tes objets familiers que je presse dans mes mains
ce fluide ténu qu’il fallait toujours protéger
Oh j’en doute, j’en doute et j’ai peur pour toi,
Impétueuse et fragile, offerte aux catastrophes
Cependant, je vais à des bureaux, à la recherche de certificats gaspillant des moments précieux qu’il faudrait utiliser plutôt entre nous précipitamment tandis que tu grelottes
attendant en ta merveilleuse confiance que je vienne t’aider à te tirer de là, pensant « A coup sûr, il viendra
« il a pu être empêché, mais il ne saurait tarder
« il viendra, je le connais
« il ne va pas me laisser seule
« ce n’est pas possible
« il ne vas pas laisser seule, sa pauvre Lou…
Je ne connaissais pas ma vie. Ma vie passait à travers toi. Ca devenait simple, cette grande affaire compliquée. Ca devenait simple, malgré le souci.
Ta faiblesse, j’étais raffermi lorsqu’elle s’appuyait sur moi.
Dis, est-ce qu’on ne se rencontrera vraiment plus jamais ?
Lou, je parle une langue morte, maintenant que je ne te parle plus. Tes grands efforts de liane en moi, tu vois ont abouti. Tu le vois au moins ? Il est vrai, jamais tu ne doutas, toi. Il fallait un aveugle comme moi, il lui fallait du temps, lui, il fallait ta longue maladie, ta beauté, ressurgissant de la maigreur et des fièvres, il fallait cette lumière en toi, cette foi, pour percer enfin le mur de la marotte de son autonomie.
Tard j’ai vu. Tard j’ai su. Tard, j’ai appris « ensemble » qui ne semblait pas être dans ma destinée. Mais non trop tard.
Les années ont été pour nous, pas contre nous.
Nos ombres ont respiré ensemble. Sous nous les eaux du fleuve des événements coulaient presque avec silence.
Nos ombres respiraient ensemble et tout en était recouvert.

J’ai eu froid à ton froid. J’ai bu des gorgées de ta peine.
Nous nous perdions dans le lac de nos échanges.
Riche d’un amour immérité, riche qui s’ignorait avec l’inconscience des possédants, j’ai perdu d’être aimé. Ma fortune a fondu en un jour.
Aride, ma vie reprend. Mais je ne me reviens pas. Mon corps demeure en ton corps délicieux et des antennes plumeuses en ma poitrine me font souffrir du vent du retrait. Celle qui n’est plus, prend, et son absence dévoratrice me mange et m’envahit.
J’en suis à regretter les jours de ta souffrance atroce sur le lit d’hôpital, quand j’arrivais par les corridors nauséabonds, traversés de gémissements vers la momie épaisse de ton corps emmailloté et que j’entendais tout à coup émerger comme le « la » de notre alliance, ta voix, douce, musicale, contrôlée, résistant avec fierté à la laideur du désespoir, quand à ton tour tu entendais mon pas, et que tu murmurais, délivrée « Ah tu es là ».
Je posais ma main sur ton genou, par-dessus la couverture souillée et tout alors disparaissait, la puanteur, l’horrible indécence du corps traité comme une barrique ou comme un égout, par des étrangers affairés et soucieux, tout glissait en arrière, laissant nos deux fluides, à travers les pansements, se retrouver, se joindre, se mêler dans un étourdissement du cœur, au comble du malheur, au comble de la douceur.
Les infirmières, l’interne souriaient ; tes yeux pleins de foi éteignaient ceux des autres.
Celui qui est seul, se tourne le soir vers le mur, pour te parler. Il sait ce qui t’animait. Il vient partager la journée. Il a observé avec tes yeux. Il a entendu avec tes oreilles.
Toujours il a des choses pour toi.
Ne me répondras-tu pas un jour ?
Mais peut-être ta personne est devenue comme un air de temps de neige, qui entre par la fenêtre, qu’on referme, pris de frissons ou d’un malaise avant-coureur de drame, comme il m’est arrivé il y a quelques semaines. Le froid s’appliqua soudain sur mes épaules je me couvris précipitamment et me détournai quand c’était toi peut-être et la plus chaude que tu pouvais te rendre, espérant être bien accueillie ; toi, si lucide, tu ne pouvais plus t’exprimer autrement. Qui sait si en ce moment même, tu n’attends pas, anxieuse, que je comprenne enfin, et que je vienne, loin de la vie où tu n’es plus, me joindre à toi, pauvrement, pauvrement certes, sans moyens mais nous deux encore, nous deux…"

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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 20:49

Chereau

 

   Chéreau mort, une page de mon théâtre se tourne ; même si je n'ai jamais trop adhéré à ses mises en scène cinématographiques, je restais comme un flan, heureux, enthousiasmé, remué, abîmé, malmené lorsque je voyais son théâtre...

Un de mes meilleurs souvenirs est sans conteste dans la solitude des champs de coton de Koltès, auteur fétiche que Chereau mit en scène si souvent...

Un souvenir de théâtre exceptionnel du même niveau que Terzieff, c'est dire toute l'admiration que j'avais pour Chéreau...
Adieu l'ami, trop jeune, toi aussi... 

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3 octobre 2013 4 03 /10 /octobre /2013 23:15

Peine à peine où le désir fut roi

Reine et reine et vos cheveux s’emmêlent

ƒélée de miel en douceur on effleure

Crainte et maintes mises

On oublie les fleurs

 

Mes salement mains tristes

Tremblaient en continu

On crut voir de vos dunes bêtement mourir en demain

Façades effacées parfaites de morts enrhumés

Calmement parfumaient les allées dernières où les morts défilaient

 

Enfin pestent ces derniers soucis

Comment vivre sans vainement vous gêner

on préfère m’éclipser reculant reculons

pour disparaître dans des flanelles grises

 

Loin Parti enfin crûment seul

Et je reste coi Sans ce jardin commun  

D’effilades en jambes de soie belles

D’émois de vous en moi idéalement

 

Peine en peine où le désir fut roi

Reine et reine et vos cheveux s’emmêlent

mêlée de miel en douceur on effleure

Crainte et maintes mises

On oublie nos peurs

 

billet-doux

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29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 16:45

" Il est deux sortes de femmes qu'il ne faut connaître à aucun prix : celles d'abord qui ne vous aiment pas, et ensuite, celles qui vous aiment. - Entre ces deux extrémités, il y a des milliers de femmes charmantes, mais nous ne savons pas les apprécier. "

 

 

Pierre Louÿs

 

pierre louys

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18 septembre 2013 3 18 /09 /septembre /2013 16:32

Les-contes-liquides

 

Hervé Le Tellier publie sous le pseudonyme de Jaime Montestrela une amusante série  de "mini" ou "micro" contes (Grand Prix de l'humour noir / Xavier Forneret 2013).

Hervé Le Tellier dit avoir traduit (mal, car il parlerait "mal" le portugais) ces contes, HLT s'amuse bien sûr et dans sa démarche toute oulipienne nous donne même à lire des éléments de la vie soit disant réelle de Jaime Montestrela. On pouvait déjà lire ce nom dans un de ses romans (Electrico W, récemment édité en poche), cela me rappelle aussi Le Merle d'Arthur Keelt (en fait là aussi un faux écrivain derrière lequel se cache un autre oulipien : Jean Bernard Pouy - livre excellent au demeurant.)

On lit ces contes avec grand intérêt et le sourire aux lèvres, on regrette bien sûr que HLT ne les ait pas "tous" traduits. 

Deux exemples :

conte n°99

Dans certaines régions d'Ishgabistan où la religion envahit toutes les sphères de la vie sociale, seuls les athées ont droit à une vie avant la mort.

ou encore :

conte n°194

D'après des recherches effectuées à l'université de Houston, Texas, si le vieillard vieillit deux fois moins vite que le jeune homme, c'est en raison de la différence d'âge. Un jeune homme et un vieillard du même âge vieilliraient à la même vitesse.

 


et plein d'autres du même acabit... à lire absolument...

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12 septembre 2013 4 12 /09 /septembre /2013 01:14

« Il n'est pas de femmes inaccessibles, sauf celle qu'on aime. »

 

René Fallet/ (in L'amour baroque)

 

rené-Fallet

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9 septembre 2013 1 09 /09 /septembre /2013 08:41

Cela fait 3-4 fois que je lis ce petit livre de la "chronique d'une folie" ; William Styron ("Le choix de Sophie", "Un lit de ténèbres"... entre autres) a souffert très sérieusement d'une grave dépression l'amenant au seuil de la mort.

Il en parle dans ce petit livre dont Philippe Sollers dit :

"Nous ne croyons pas à l'Enfer, nous sommes incapables d el'imaginer et pourtant il existe, on peut s'y retrouver brusquement au-delà de toute expression. Telle est la leçon de ce petit livre magnifique et terrible.

Récit d'une dépression grave, avec son cortège d'angoisses, d'insomnbies, de "rafales destructrices", de tentations de suicide, il nous montre pour la première fois ce qu'est vréellement cette tempête des ténèbres" intérieure qui peut frapper n'importe qui à chaque instant, mais peut-être plus particulièrement certains écrivains, ou artistes. Hemingway, Virginia Woolf, Romain Gary, Primo Levi, Van Gogh : la liste de ces proies désignées de l'ombre serait longue.

Enfer, donc, comme celui de Dante, douleur sans autre issue que celle de l'autodestruction, état de transe incommunicable que ne soupçonnent pas les autres, pas même les psychiatres. Pourtant, la guérison est possible, on peut en tirer une connaissance nouvelle. Avec précision et courage, le grand romancier qu'est William Styron plaide ici à la fois pour une meilleure compréhension de notre prochain abîmé dans l'horreur, et contre le goût du néant qui nous guette tous." (quatrième de couverture)

 

William-Styron

   Arrivant à Paris pour recevoir un prix littéraire, l'auteur y commence son livre : la vue des endroits où Romain Gary, son ami, se tua, où Jean Seberg quelques années plus tôt fit de même lui rappelle qu'entre dépression, mal-être et mélancolie et suicides réels ou différés-délégués (Camus ?) (Camus  qui sachait que le fils Gallimard était un adepte de la vitesse, aimait rouler vite / Camus ne disait-il pas dans le Mythe de Sisyphe : "Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux : c'est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d'être vécue, c'est répondre à la question fondamentale de la philosophie.", tout est lié dans cette noirceur. D'autres suicides encore : Abbie Hoffman, Randall Jarrell, Primo Levi...

 

  William Styron est assez dur avec les psychiatres d'autrefois qui prescrivaient des molécules toutes nouvelles, toutes récentes, sans trop connaître les effets indésirables, ni les bonnes posologies. Lorsque Styron se fera hospitaliser en urgence la nuit même où il avait décidé d'en finir, il apprendra qu'il prenait un médicament déconseillé pour son âge, déconseillé pour ses problèmes et qu'il prenait 3 fois la dose recommandée (le Triazolan, interdit depuis dans maints pays...). A l'époque de découverte de tous ces anxiolytiques et anti-dépresseurs, la mode était de les tester un par un chez les patients un peu à l'aveuglette.

 

  William Styron parle de flux et de reflux de vagues mélancoliques, de ses insomnies incroyablement délétères et des pensées suicidaires constantes. La nuit où "a priori" il pensait en finir, il regardait un DVD d'une de ses pièces ; il fut sauvé par la musique, l'incroyable beauté d'une rhapsodie pour contralto de Brahms lui fit prendre conscience brutalement de l'intérêt de vivre. Il alla réveiller sa femme Rose et la nuit même il fut hospitalisé. A l'hopital des médecins plus précautionneux et plus attentifs lui sauvèrent la vie. L'ambiance même de l'hopital, le côté "prison" et le temps qui passe lui furent très bénéfiques. Il écrit : "Pour moi, les vrais guérisseurs furent la solitude et le temps."

 

Fin du livre :

" Quant à ceux qui ont séjourné dans la sombre forêt de la dépression et connu son inexplicable torture, leur remontée de l'abîme n'est pas sans analogie avec l'ascension du poète, qui laborieusement se hisse pour échapper aux noires entrailles de l'enfer et émerge enfin dans ce qui lui apparaît comme le "monde radieux". Là quiconque a recouvré la santé, a presque toujours également recoucré l'aptitude à la sérénité et à la joie, et c'est peut-être là un ecompensation suffisante pour avoir enduré cette désespérance au-delà de la désespérance.

E quindi uscimmo a riveder le stelle.

Et là nous sortîmes pour revoir les étoiles."

William Styron

 

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